Le statut d’indépendant est-il l’avenir du travailleur ? Selon une étude d’Intuit, pas moins de 40 % de la force de travail aux États-Unis sera composée d’indépendants cette année. Un niveau jamais atteint jusqu’à présent.
Une tendance à laquelle n’échappe pas complètement le Canada. Ici aussi, le statut d’indépendant, soit une personne qui travaille seule et sans l’aide d’employés, ne cesse d’augmenter. Le phénomène a connu depuis les années 70 une croissance marquée, loin cependant du modèle américain. Selon Statistique Canada, les travailleurs autonomes représentent en 2018 « 15 % de l’emploi total ».
Martine D’Amours, directrice du programme de 3e cycle au département des relations industrielles à l’Université Laval, s’est penchée sur le sujet. Plus que les chiffres, la spécialiste analyse d’abord les conditions de travail. Elle souligne l’amorce d’un changement de paradigme dans notre organisation du travail à travers un fait saillant : l’augmentation des statuts atypiques.
Contractuels, consultants, autonomes, pigistes, télétravailleurs… Les travailleurs non traditionnels se multiplient dans tous les secteurs du marché du travail. « Derrière les statistiques, il faut s’intéresser au type d’emploi. On assiste à une précarisation du marché du travail avec, par exemple, l’apparition d’emplois soi-disant indépendants liés aux plateformes en ligne, mais qui en réalité sont fortement contrôlés et même évalués. Peut-on encore parler d’indépendance ? » se demande la professeure.
Indépendant et polyvalent
Autre fait notable sur le marché du travail canadien : la polyvalence de la nouvelle génération d’actifs (la génération Y) qui n’entend pas se complaire dans une conception traditionnelle du travail. « Les indépendants, grâce à cette liberté de travail qu’ils apprécient, peuvent cumuler plusieurs activités et plusieurs horaires dans un but de conciliation travail-famille », explique Martine D’Amours. Souplesse, flexibilité, adaptation, disponibilité, réactivité… Ces profils semblent par ailleurs parfaitement correspondre aux attentes des employeurs (ou donneurs d’ordre) de la prochaine décennie. Ces derniers ne le cachent pas : selon une étude du cabinet spécialisé en ressources humaines Randstad, « près de la moitié des entreprises canadiennes s’apprêtent à s’organiser autour d’un effectif variable au cours des cinq prochaines années ». Ces mêmes patrons estiment aussi pouvoir réduire leurs coûts en main-d’œuvre en se tournant vers les travailleurs autonomes.
Dans certains secteurs professionnels canadiens, comme les technologies de l’information, les travailleurs indépendants, parfois nommés les « effectifs agiles », représentent désormais près de 20 % des employés. Une situation qui pourrait se généraliser, à en croire l’étude de Randstad : « Au moins le quart des effectifs travaillera à distance ou dans des bureaux virtuels en 2025. »
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