À en croire Donald Black (The Social Structure of Right and Wrong, 1993), l’expression du mécontentement dans le monde du travail évoluerait. Le salarié délaisserait les manifestations groupées publiques (grèves, pétitions ou sabotages) au profit de réactions davantage privées, à savoir des incivilités sur le lieu de travail. Comment se manifestent-elles? Quelles sont les réactions à l’interne? Comment traiter les incivilités pour maintenir une bonne ambiance de travail dans l’organisation?
Les divers visages de l’incivilité
Depuis quelque temps, votre collègue de bureau a un comportement déviant à votre égard. Tout d’abord, il semble avoir oublié les cinq mots magiques appris dans sa tendre enfance (bonjour, s’il vous plaît, merci, excusez-moi, au revoir). Son manque de respect, de politesse, de courtoisie commence à vous peser. De plus, il n’hésite pas à lancer des rumeurs sur votre compte, à avoir des gestes brusques, à employer un ton de voix fort, à vous faire des reproches devant toute l’équipe ou, par moments, à tout simplement vous ignorer. Non seulement il est impoli, mais en plus il manque de considération et d’attention à votre endroit. Les conséquences ne se font pas attendre : vous adoptez son comportement incivil, vous commencez à douter de vous et, bientôt, pour n’aurez plus de satisfaction à aller au bureau, vous perdrez votre motivation et vous risquerez même de vouloir quitter votre emploi. D’ailleurs, la génération Y ne met pas autant de temps à chercher un autre emploi si l’ambiance est détériorée en raison d’un collègue irrespectueux, voire harcelant.
Conséquences, réactions et solutions
Trop souvent les gestionnaires tardent à réagir face à ces problèmes d’incivilité. Pourtant, ils en subissent aussi les conséquences : augmentation de l’absentéisme et des congés maladie, temps perdu à traiter des conflits, dossiers non traités pour communication désastreuse entre collègues. Bref, frappez à la porte de votre gestionnaire et refusez son éventuelle réaction de déni ou de banalisation du problème. Quant à vos collègues, certains prendront des distances avec une personne qu’ils qualifieront de fragile ou d’instable. Sachez sensibiliser tout le monde (de l’employé à la direction) pour trouver des solutions, car tout le monde est impliqué et doit faire sa part : le salarié devrait apprendre à reconnaitre que son collègue, de caractère taciturne, fournit des efforts pour afficher un sourire; le gestionnaire devrait commencer par parler moins sèchement à ses salariés pour éviter que ces derniers n’adoptent son comportement. Quant aux solutions, elles sont très variables et heureusement, car les entreprises n’ont pas toutes le temps ni les moyens de traiter les marques d’incivilité dans leur environnement. Dans certains cas, une discussion franche à bâtons rompus fera l’affaire; dans d’autres cas, le gestionnaire décidera de mettre en place un club social pour favoriser les liens, des réunions de valorisation pour souligner les bonnes actions, une charte de bonne conduite qui doit être destinée à tous (quelles que soient l’ancienneté et la fonction) ou encore des formations sur les comportements civils, la communication et la gestion de conflits, les habiletés sociales de base…
Les incivilités en entreprise ne vous feraient-elles pas penser à un autre type de harcèlement? Alors, ne pensez pas que les choses vont passer avec le temps. Elles restent en vous, et les conséquences, vous vous en doutez, peuvent être dévastatrices à titre professionnel et personnel. Alors, surfez sur l’affaire Weinstein pour oser clamer haut et fort des comportements déplacés avant qu’ils ne vous emportent…
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