Selon une étude en relations industrielles et en sociologie de l’Université de Montréal, les femmes seraient plus propices à l’épuisement professionnel que les hommes en raison de la nature de leur travail.
C’est que les salariées féminines se retrouvent souvent à travailler dans des postes où elles sont surqualifiées. « La surqualification peut exprimer un effet de plafond de verre où les femmes sont moins susceptibles d’être promues à des postes de niveau supérieur », peut-on lire dans les conclusions de la recherche menée à partir des données de l’étude SALVEO, soit l’une des plus grandes recherches réalisées au Canada sur la santé mentale en milieu de travail. Voir l’article sur le brown-out.
Le manque d’estime de soi, les conflits de travail et l’absence de prise de décision qui en découlent les mettent donc plus à risque. Inversement, plus facilement promus à des postes de haut niveau, les hommes souffriraient d’épuisement professionnel en raison des heures travaillées et des horaires atypiques.
L’étude, qui s’appuie sur les données de 2 000 travailleurs de 63 milieux professionnels de la belle province, relève néanmoins quelques éléments déclencheurs qui ne sont pas reliés au sexe. Les exigences psychologiques, l’insécurité d’emploi, le manque de reconnaissance au travail et les interactions sociales négatives mènent autant les femmes que les hommes au burn-out.
Le ménage comme mécanisme de protection
Fait étonnant : pour garder le moral, plusieurs travailleuses ont recours aux tâches domestiques telles que le ménage, les courses ou la garde des enfants. « [Cela] peut indiquer qu’il leur faut peut-être plus de temps en dehors du travail pour se remettre des exigences du travail », indiquent les chercheurs.
Toutefois, il peut s’agir d’un couteau à double tranchant si elles usent de cette protection trop longtemps. « Bien que de telles stratégies de retrait puissent offrir des avantages à court terme en ce qui concerne l’épuisement professionnel, les femmes peuvent manquer d’autres ressources bénéfiques à long terme pour leur santé mentale (par exemple, les possibilités de carrière) », poursuit l’étude.
Considérant que les hommes et les femmes ne sont pas menés à l’épuisement professionnel pour les mêmes raisons, les experts sont d’avis que les outils de prévention devraient être plus adaptés à la spécificité du salarié : que ce soit en repensant l’organisation, en lui offrant le télétravail ou une occasion s’élever dans l’entreprise… à la condition qu’il puisse s’épanouir, bien entendu !